Voilà vingt ans déjà que le Rétrorencard rassemble des centaines de passionnés de véhicules anciens venus de tous horizons. Ce rassemblement régulier lancé par Fabrice Reithofer au mois de mai 2002 est aujourd’hui considéré comme le plus important de France. Les choses n’ont pourtant pas été toutes simples, de nombreux écueils ayant parsemés les débuts de l’aventure avant de parvenir à la vitesse de crois/ère que nous connaissons désormais

Au tout début

Mars 2002, un encart dans La Vie de l’Auto (LVA) annonce le projet à Strasbourg d’une rencontre de voitures anciennes le 1er dimanche de chaque mois. Une manifestation similaire existe déjà en Ile de France, mais elle est réservée uniquement aux membres cotisants.

L’idée strasbourgeoise se démarque par l’absence de contrainte et la gratuité totale pour les participants.

5 mai 2002 : Parc du Rhin

Malgré une météo maussade, environ 30 voitures de collection  arrivent peu à peu sur cette ancienne base de loisirs et promenade en bordure du Rhin, parmi lesquelles 3 représentantes de l’Amicale BUFFALO SARAP (éléments qui aura une importance quelques mois plus tard). L’instigateur et responsable de l’organisation, Fabrice Reithofer, accueille individuellement chaque voiture et ses occupants avec un sympathique mot de bienvenue. Sont également présents :

  • L’Amicale Alsacienne des Véhicules d’Époque (AAVE) à ce moment la plus importante et dynamique association dédiée aux collectionneurs de l’Est, avec un véhicule présentant le club, ses actions et quelques voitures de ses sociétaires.
  • L’Enthousiaste Club Jaguar d’Alsace, représentant de club reconnus dans la région, avec plusieurs véhicules.
  • L’Automobile Club d’Alsace avec un centre mobile permettant à ceux qui le souhaitent un contrôle sommaire et officieux de leur véhicule ancien.
L’Automobile Club s’empare de la rencontre

L’atmosphère bienveillante et amicale, donne unanimement l’envie de poursuivre l’expérience. Le mois suivant, environ 55 voitures sont présentes, et déjà plus de 70 lors de la 5eme édition.

Lutte d’influence

Alors qu’un rythme de croisière semble sur le point d’être atteint, les DNA évoquent la rencontre dans un petit article, tandis que le correspondant régional LVA Jean-Pierre Hossann consacre une première demi-page à cet événement qui ne cesse de grandir. L’Automobile Club d’Alsace annonce désormais la manifestation dans son magazine L’Alsace Automobile, laissant toutefois sous-entendre que l’organisation serait à son initiative ! Son arche gonflable et une camionnette publicitaire indiquent un passage obligé aux participants, qui n’échappent pas à un laïus commercial du représentant et une distribution de flyers afin de récolter des adhésions. Il est même sous entendu qu’à l’avenir seuls les adhérents pourraient être autorisés à accéder à la manifestation! Profitant de l’indisponibilité définitive du Parc du Rhin, l’Automobile Club par l’intermédiaire de son représentant prend l’initiative de désigner les lieux de remplacement. Mais le principe de base du premier dimanche du mois semble de moins en moins d’actualité, la date et le lieu devenant fluctuants selon les disponibilités et envies des représentants, et ne sont communiqués qu’aux seuls abonnés du magazine de l’AC. Il apparaît peu à peu que Fabrice a été victime d’un puch et poussé sur la touche de manière particulièrement inélégante ! La grogne monte dans les rangs des amateurs de véhicules anciens, tandis que la participation s’amenuise de mois en mois. Le 13 décembre 2004 au Palais de la Musique et des Congrès, alors que la date et le lieu de la rencontre ont une énième fois été modifiés, l’endroit semble désespérément vide avec moins de 15 voitures.

La révolte

Décembre 2004, la rencontre strasbourgeoise est devenue moribonde

Les membres de l’Amicale BUFFALO SARAP prennent alors l’initiative de pousser un coup de gueule : Jean-Jacques Wehrung et Jean-Paul Kuhn, présents de la première heure au Parc du Rhin, rassemblent les participants puis exposent les faits et sollicitent les avis. Ils proposent de donner rendez-vous sur le parking public du Palais de la Musique et des Congrès à la date du 02 janvier 2005 et de pérenniser ce principe de rencontre. Une pétition demandant l’unité du lieu et de la date, ainsi qu’un accès totalement libre et sans harcèlement commercial est lancée. Celle-ci recueille plus de 130 signatures en moins de quelques heures. Il est à noter que le Club Mathis avait exprimé son soutien par un courrier signé Pierre Haas, animateur et historien éminent des Mathissiens. Une entrevue est sollicitée auprès du Président de l’Automobile Club Jean Braun. Les deux protagonistes cités plus haut sont accompagnés par Jean-Jacques Knipper, bien connu dans le monde de la voiture de collection. Pour le moins tendue, la réunion aboutit néanmoins à un accord stipulant désormais l’unité de date et de lieu ainsi que l’annonce de la rencontre dans le magazine, en échange de l’abandon de la campagne insistante d’adhésions et du tri des participants. L’intention est également exprimée de rendre à Fabrice Reithofer les rênes de la manifestation dont il est le fondateur.

Le nouveau départ

Exposition Retrorencard sur les 90 ans du Grand Prix de Strasbourg 1922

À la date prévue, un regain d’intérêt se fait nettement ressentir. Malgré un froid glacial, les collectionneurs sont de retour puisque plus de 50 merveilles sont alignées dans les travées du PMC, leurs propriétaires se rassemblant autour d’une galette des rois agrémentée d’un Crémant d’Alsace  offerts par les  «nouveaux». L’équipe basée alors essentiellement sur l’Amicale BUFFALO se charge désormais de régir la circulation et le stationnement des voitures de collection. La rencontre mensuelle de Strasbourg est communiquée pour le reste de l’année dans l’ensemble des médias spécialisés ainsi que dans la presse locale.
Le 19 juillet 2005 l’Automobile Club annonce par courrier son désengagement total de la manifestation.

Code de bonne conduite

Alors que l’affluence grandit de mois en mois, un Code de bonne conduite est élaboré afin de gérer plus facilement les allées et venues lors de la rencontre. Celui-ci, très légèrement mis à jour, reste en vigueur aujourd’hui sous l’appellation “Les onze commandements

PMC, un bulletin de liaison gratuit

Cent numéros de Passion Moteurs & Carrosseries ont été édités

Au mois de février 2005, un premier bulletin de liaison « Passion Moteurs et Carrosseries » (PMC) paraît. Il présente en détails l’histoire d’une VW Coccinelle ainsi que les clubs VW régionaux. Écrit par Jean-Jacques Wehrung, mis en pages par Jean- Paul Kuhn et financé par eux seuls, il est destiné à être distribué gratuitement à tout participant présentant une voiture de collection. Cent exemplaires sont tirés, mais ils s’avèrent très insuffisants car le nombre de participants est nettement supérieur ! Ce premier essai amène spontanément un sponsor en la personne de Pascal Vanoverbecke, responsable du Centre de contrôle technique des Vosges du Nord à Niederbronn. Son initiative sera suivie quelques mois plus tard par l’arrivée d’autres annonceurs (Garage Atzenhoffer, Auberge des Houblonnières, RG Parts, Speed Doppler, Vintage Cars…) Ce soutien inattendu permet d’envisager à long terme la parution de la publication, qui devient rapidement un collector prisé. Chaque mois, une voiture de la rencontre précédente est présentée, avec son historique et son propriétaire. Dès janvier 2006, luxe suprême, Passion Moteurs et Carrosseries paraît en couleurs grâce à Claude Wurch ! Mais après huit ans et 100 numéros, les pionniers décident de passer la main. Malgré quelques rares velléités, personne ne souhaite prendre la relève. Le bulletin du Rétrorencard 67 disparaît en mai 2013. Il est à noter que PASSION MOTEURS & CARROSSERIES a fait l’objet d’un dépôt légal et que la totalité des numéros est consultable à la Bibliothèque Nationale de France ainsi qu’à la Bibliothèque Municipale de Strasbourg.

Retrorencard 67

Janvier 2006, après une année de fonctionnement faste sous l’oeil bienveillant mais vigilant de Fabrice Reithofer, l’équipe décide de renommer la rencontre strasbourgeoise afin de la démarquer de celles qui commencent à fleurir un peu partout en France. Désormais, le 1er dimanche de chaque mois on se rend au RÉTRORENCARD 67. Cette appellation, mal identifiée au début, signifie simplement « rendez-vous rétro ». Elle a été reprise depuis pour plusieurs rencontres similaires dans différentes régions de France. À l’initiative et grâce au soutien matériel de Claude Wurch, un site internet est créé spécialement ; très rapidement, les visiteurs venus de France et des pays limitrophes affluent, tandis que les clubs régionaux font régulièrement du Rétrorencard un point de sortie.

Les ennuis, rançon du succès

Après trois années de fonctionnement dans une ambiance bon enfant, le succès de la rencontre est immense. Au mois de juin et juillet 2007 par exemple, on a dénombré plus de 270 voitures. Mais la notoriété croissante du Rétrorencard 67 ne va pas sans poser quelques nouveaux problèmes ! Certains visiteurs se présentent avec des voitures certes d’un certain âge, mais que l’on croise encore quotidiennement dans la circulation. Non seulement elles ne cadrent pas avec le thème de la manifestation, mais alors que le site est plein à craquer, elles occupent des espaces et empêchent l’accès aux véritables voitures de collection. Certains mauvais coucheurs entendent avec véhémence imposer leurs désirs et la présence de leurs voitures hors thème, engendrant des frictions déplorables avec les bénévoles. D’autre part, certains conducteurs de voitures sport ou prestige (généralement d’ailleurs des commerciaux de garages ou concessionnaires) se laissent aller, au mépris de toute règle de sécurité, à des démonstrations de performances de leurs montures, faisant des concours d’accélération ou de drift sur l’Avenue Herrenschmitt, devant les curieux massés sur la piste cyclable. La Direction de l’Hôtel adjacent nous téléphone en exprimant son mécontentement et s’en plaint fort opportunément à la Police. Ce même jour, plusieurs conducteurs sont verbalisés pour vitesse excessive un peu plus loin en quittant le Retrorencard.

Création de l’association

Ces comportements irresponsables et inadmissibles de la part d’une poignée de pseudo passionnés ont pour conséquence que l’organisation soit invitée à s’expliquer auprès de la municipalité. Sous peine d’une interdiction pure et simple par les pouvoirs publics, nous nous engageons à mettre en place des mesures d’encadrement plus strictes. Il est alors décidé de fonder une structure associative officiellement responsable de la manifestation. L’assemblée générale constitutive de l’association Retrorencard se tient au mois de septembre 2008. Elle élit Fabrice Reithofer au poste de Président, puis est aussitôt déclarée au Tribunal de Strasbourg.

Réservé aux 30 ans et plus

Le Premier Adjoint au Maire de Strasbourg, Monsieur Robert Hermann, découvre le bonheur d’être à bord d’une Bugatti

Une décision qui fera grand bruit est prise à l’unanimité au sein du tout nouveau conseil d’administration de l’association la limite d’âge inférieure pour les véhicules  autorisés au Rétrorencard est placée à 30 ans. Dès octobre 2008, les intervenants bénévoles du  Rétrorencard font preuve d’une fermeté rigoureuse, interdisant désormais l’accès aux voitures plus jeunes, ce qui entraîne des mécompréhensions et mécontentements forts, ainsi qu’un bashing féroce sur internet. Confronté à des palabres virulentes, Fabrice Reithofer propose  aux véhicules non acceptés de se replier sur la Vigie où d’immenses espaces sont disponibles. À partir de là, les voitures ne cadrant pas avec le Rétrorencard prennent l’habitude de se réunir au sud de Strasbourg, dans le cadre de la Rencontre Mensuelle pour Voitures Sportives et de Prestige (RMVSP). À notre grand regret, nous avons dû nous séparer des passionnés de youngtimers qui, bien qu’ayant eu la plupart du temps une attitude irréprochable, ont fait les frais de ces mesures. C’était pourtant le prix à payer pour sauver le Rétrorencard de Strasbourg. Après ces mesures drastiques, sérénité et convivialité reviennent dans les allées du Rétrorencard, qui devient un exemple pour les organisateurs de France et de Navarre.
Les élus et personnages de notoriété n’hésitent pas à venir flâner dans les travées en admirant les voitures et discutant avec les collectionneurs. Le potentiel en matière de véhicules de collection semble d’ailleurs intarissable dans la région, puisqu’entre 2002 et fin 2009, un comptage a révélé que près de 10 000 voitures différentes (dix mille!) sont venues au moins une fois se montrer au Rétrorencard 67. En 2015, après dix années de service, les plus anciens prennent du recul, remplacés par une nouvelle équipe bien dynamique et toujours dirigée par Fabrice Reithofer.

Opérations spéciales

Michel Bugatti avec l’équipe d’organisation des 90 ans du GP Strasbourg

Au cours de ces 20 années, le Rétrorencard s’est également  illustré lors de certaines éditions par des opérations à thème fort prisées, comme par exemple

  • «Les constructeurs alsaciens» avec la présence en masse de , Mathis et Sarap.
  • La «Commémoration des 90 ans du Grand Prix de l’ACF 1922» à Entzheim, qui ouvre la tradition des Rétrorencard délocalisés.
  • «Les voitures au cinéma» à Mittelhausen.
  • «La traversée de Strasbourg en anciennes», qui a laissé un souvenir mémorable.
  • « L’ouverture du GCO » plus récente mais en tous points remarquable et bien d’autres.

A la Meinau

Suite aux travaux des parkings du PMC en 2014, le rendez-vous est déplacé à la Meinau, à proximité immédiate du stade, où le Rétrorencard s’était déjà replié à quelques occasions auparavant. Bientôt, ce lieu s’avère à son tour très étroit les jours de grande affluence, malgré les efforts et l’efficacité d’une poignée de dévoués. Nous avons dénombré un jour 380 véhicules, (il y en avait certainement plus) certains débordant sur les rues, le parking du fast-food ou encore les allées de circulation. Les mesures prises par la municipalité ainsi que les projets de transformation du site amènent le staff à reconsidérer le lieu même du Rétrorencard.

Le Retrorencard Alsace

Après huit ans à la Meinau, la dernière édition strasbourgeoise se tient au mois de décembre 2021, avant d’être accueillie à bras ouverts pour un tout nouvel élan sur la zone du Trèfle à Dorlisheim. Une toute nouvelle équipe, rajeunie, féminisée et souriante, fait désormais le bonheur de celles et ceux qui passent l’entrée. La nouvelle génération représentant les collectionneurs de demain a pris la relève des pionniers de 2002, pour faire vivre le RÉTRORENCARD Alsace vingt ans de plus. Au moins !

20 ans d’images !

« de 23 »

Les éditions de 2012 à 2017

« de 3 »
« de 3 »

Catégories : Rendez-vous mensuel

1 commentaire

Mai 2022 | Les 20 ans du retrorencard à Dorlisheim · mai 15, 2022 à 11:20 pm

[…] 5 mois que ce rassemblement se tient dans la Zone de Loisirs du Trèfle devant le cinéma. Que de chemin parcouru depuis tout ce temps, par tous les temps avec nos anciennes. Ce rassemblement, c’est […]

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